I La lune brillait sur les cimes neigeuses avec un incomparable eclat; le mont Blanc, visible malgre la distance, reluisait comme une plaque de cristal, brisee en maint endroit. Plus pres, les montagnes etagees ondulaient comme des vagues immenses, dont l'irritante immobilite donne de temps en temps le besoin maladif du mouvement. Au pied de la terrasse, les flots du Leman mouraient avec un petit bruit irregulier, modeste et triste comme la plainte d'un prisonnier qui n'a plus d'esperance. -Quelle nuit dit tout bas Valentine. Rene la regarda avec des yeux ou rayonnait tout ce que l'ame...
I La lune brillait sur les cimes neigeuses avec un incomparable eclat; le mont Blanc, visible malgre la distance, reluisait comme une plaque de crista...
I La portiere se ferma sans bruit, et le coupe roula vers Paris. Le ciel, bleu au zenith, s'adoucissait jusqu'aux teintes les plus effacees du gris mourant a peine nuance de rose, derriere le mont Valerien dont la silhouette ferme si bien le joli decor du bois de Boulogne. Le lac glace, brillant comme un miroir, raye par les fers des patins, reposait entre les rives couvertes d'une neige epaisse et veloutee pareille a une moelleuse fourrure. Aucune lumiere artificielle ne melait encore de note discordante a cette harmonie delicieuse de lignes et de couleurs. Sur les sentiers, dans les allees,...
I La portiere se ferma sans bruit, et le coupe roula vers Paris. Le ciel, bleu au zenith, s'adoucissait jusqu'aux teintes les plus effacees du gris mo...
I ...Le docteur, penche sur la poitrine haletante de ma pauvre femme, l'ausculta avec attention, puis la reposa tout doucement sur son oreiller. -Encore un peu de patience, chere madame, lui dit-il avec bonte: cela va deja un peu mieux, et bientot... Ma femme leva sur lui ses yeux brillants de fievre. Le docteur se tut, et pressa la main blanche, presque transparente qui reposait sur le drap. -Nous allons toujours vous oter cette fievre-la, reprit-il en griffonnant une ordonnance; et demain, nous verrons. Je passerai dans la soiree. Au revoir; bon courage. Ma femme repondit d'une voix claire...
I ...Le docteur, penche sur la poitrine haletante de ma pauvre femme, l'ausculta avec attention, puis la reposa tout doucement sur son oreiller. -Enco...
I On demande un etudiant pour passer l'ete dans une famille, a la campagne. Pour les conditions, s'adresser a madame la generale Goreline, a la Tverskaia, maison Mialof, a Moscou. -Pourquoi pas? se dit Boris Grebof en repliant le journal ou il venait de lire cette annonce. Pourquoi pas la aussi bien qu'ailleurs? Il faudra toujours commencer par un bout, autant vaut aujourd'hui que demain. Il se leva, passa son leger paletot de printemps, et sortit pour tenter la fortune. On n'aurait pu l'accuser de mettre trop d'empressement a cette demarche: il s'en allait d'un air nonchalant en regardant a...
I On demande un etudiant pour passer l'ete dans une famille, a la campagne. Pour les conditions, s'adresser a madame la generale Goreline, a la Tversk...
I Pendant que Jaffe se glissait derriere lui, Richard Brice rassembla les renes de ses trotteurs. Le train qu'il venait de quitter s'ebranla et s'en alla a toute vitesse en lancant a coups rapides de petites bouffees de vapeur, dans la direction opposee a celle que prenait le phaeton. Les volutes elegantes s'accrochaient aux basses branches des peupliers; on eut dit que, dans la tiede pesanteur de cette journee, il leur etait impossible de s'elever plus haut; et elles y restaient longtemps, comme embarrassees de disparaitre sans attirer l'attention. Les trotteurs avaient pris une belle allure...
I Pendant que Jaffe se glissait derriere lui, Richard Brice rassembla les renes de ses trotteurs. Le train qu'il venait de quitter s'ebranla et s'en a...
I -Es-tu bien sure de l'aimer, Lucie? bien sure? Prends garde de te tromper, ton erreur serait irreparable. La jeune fille sourit sans lever les yeux: l'orgueil naif de son sourire repondit pour elle. -Tu l'aimes? ne crains pas de me le dire; il faut savoir regarder bravement dans son c ur; il n'y pas de honte a avouer que l'on aime l'homme qui veut vous epouser. Tu l'aimes? Lucie leva sur sa mere son honnete regard, et le visage couvert de rougeur, mais sans hesiter, elle repondit: Je l'aime. -Assez pour supporter avec lui les chagrins de la vie? pour etre heureuse de sa joie, triste de son...
I -Es-tu bien sure de l'aimer, Lucie? bien sure? Prends garde de te tromper, ton erreur serait irreparable. La jeune fille sourit sans lever les yeux:...
I Le jour baissait rapidement; deja les allumeurs de reverberes couraient de cote et d'autre, s'acquittant de leurs fonctions. Le ciel bleu pale semblait encore garder la lumiere du jour, pendant qu'une buee legere descendait sur le sol. Il faisait un froid splendide, - sec, clair, sonore: l'air apportait l'echo lointain des bruits vagues de l'hiver; la neige, fortement tassee, craquait sous le pas, et faisait crier au tournant des rues le fer des traineaux; tout avait cette apparence propre, froide, serree et joyeuse des jours de grande gelee. Une etoile piqua soudain le ciel pale, et...
I Le jour baissait rapidement; deja les allumeurs de reverberes couraient de cote et d'autre, s'acquittant de leurs fonctions. Le ciel bleu pale sembl...
I Ce soir-la, - mardi de Paques 1860, - tout le quai de la Cour etait en rumeur: madame Averief donnait un bal d'enfants. La maison de madame Averief avait longtemps ete une des plus remarquees parmi celles qui ont, tous les ans, l'honneur de voir la famille imperiale paraitre a l'une au moins de leurs fetes, pompeuses et savamment ordonnees. Tout lui donnait droit a ce privilege: la haute naissance de l'hotesse, son deuil premature, - si noblement porte en memoire de l'epoux tue a Varna, - son influence salutaire sur toute la generation qui avait cru sous ses yeux; sans parler de sa grace...
I Ce soir-la, - mardi de Paques 1860, - tout le quai de la Cour etait en rumeur: madame Averief donnait un bal d'enfants. La maison de madame Averief ...
I Apres avoir langui, la conversation tomba, et un de ces silences qui precedent le depart s'etablit dans le salon, parfume jusqu'a la migraine par une somptueuse corbeille d'orchidees. Niko Meletis, sans avoir regarde depuis deux minutes autre chose qu'une belle toile de Corot, accrochee en face de lui, au-dessus de la maitresse de la maison, comprit qu'il ne pouvait mieux faire que de s'en aller; il se leva donc, etirant inconsciemment, d'une facon imperceptible, ses membres longs et fins lasses d'un repos prolonge. -Il faut que je vous quitte, mademoiselle, dit-il, mentant effrontement,...
I Apres avoir langui, la conversation tomba, et un de ces silences qui precedent le depart s'etablit dans le salon, parfume jusqu'a la migraine par un...
I -Tu tiens donc beaucoup a me laisser partir seul? demanda le pere en regardant sa femme d'un air mecontent. La petite fille qu'il tenait appuyee contre son genou leva les yeux vers lui et lui sourit avec confiance; il posa les mains sur les cheveux chatains, frisottants et soyeux, et reporta son regard sur la jeune femme triste qui empilait ses effets dans une petite malle, avec des gestes lents et lasses. -Marie, reponds donc, tu tiens absolument a rester a Paris et a ne me rejoindre que demain? Tu veux faire seule, avec la petite, le voyage du Havre? La jeune femme se releva peniblement...
I -Tu tiens donc beaucoup a me laisser partir seul? demanda le pere en regardant sa femme d'un air mecontent. La petite fille qu'il tenait appuyee con...