ISBN-13: 9780729405430 / Francuski / Twarda / 1997 / 450 str.
À travers cette étude du théâtre d’éducation, nous espérons avoir attiré l’attention et l’intérêt sur un corpus important, qui n’avait jamais fait l’objet de travaux critiques. Notre parcours des œuvres de madame de Maintenon, de madame de Genlis, de Moissy, de madame de la Fite, de Saint-Marc, de Berquin, de Garnier, de Nougaret et de madame Campan montre que le théâtre d’éducation est une réalité littéraire et éditoriale. La vitalité du genre se manifeste par ailleurs dans son originalité. Le théâtre de madame de Genlis, à lui seul, à travers ses trente-sept pièces, illustre les diverses possibilités morales et stylistiques du théâtre d’éducation en passant par la voie religieuse, l’habit merveilleux, la modernité de la pièce de condition, le charme du théâtre de société et la rigueur des pièces éducatives. Les caractéristiques qui s’en dégagent permettent d’affirmer que les oeuvres de madame de Maintenon constituent l’ancêtre littéraire du genre. La discussion morale incluse dans les pièces chez madame de Genlis, ce qui explique le recours à des formes héritées de la littérature morale, est affichée dans les Conversations de madame de Maintenon. Les Proverbes de la fondatrice de Saint-Cyr ouvre la voie au proverbe conçu dans sa version pédagogique et qu’illustrent Moissy et Garnier, avec deux options différentes, celle d’un réalisme sans illusion qui présente le monde tel qu’il est pour prévenir l’enfant et le jeune adulte de ce qu’il doit éviter, ou celle d’un optimisme plus confiant à la fois dans la nature humaine et les vertus de l’éducation qui présente un monde édulcoré de ses violences. Lié au théâtre de société dont il assimile le mode de représentation et à la tradition du théâtre au collège, le théâtre d’éducation s’adapte aux nouvelles formes de diffusion éditoriale notamment en se glissant dans les livres d’instructions sous forme d’entretiens don’t l’ouvrage de madame de La Fite est un exemple ou dans la première presse pour la jeunesse avec les entreprises de Berquin. Ce succès dans un monde en mouvement s’explique par son aptitude à fournir un ensemble de réponses à des questions qui sont dans l’air du temps. Le théâtre d’éducation reflète les aspirations et les préoccupations d’une grande partie de la noblesse et de la bourgeoisie. Le théâtre d’éducation participe à ce rêve de bonheur bourgeois de la seconde moitié du siècle. Il s’y emploie sans relâche avec maladresse parfois, avec lourdeur certainement, à la fois dans son écriture et dans ses répétitions comme si chaque pièce était insuffisante à transmettre le message. Car il s’agit d’une littérature à message, par laquelle les auteurs estiment devoir transformer leurs lecteurs. Il en tire sa force par rapport aux pochades du théâtre de société, il trouve là également ses difficultés.