ISBN-13: 9781484878071 / Francuski / Miękka / 2013 / 142 str.
Perdre l'esprit, pour gagner le c ur... Il y a une vertu dans la deraison, une deraison qui ne signifie pas vraiment folie ou delire, mais plutot perte de l'esprit trop rationnel, theorique et abstrait. Ce qui est alors gagne a travers cette deraison n'est pas pour autant une attitude extravagante, delirante, menant a du n'importe quoi. Il s'agit bien plus de comprendre ce que peut etre une pensee affective, ou une sensibilite empreinte de mesure, capable de justesse et de precision. Un mode de comprehension qui part des sentiments et non des idees, dont l'origine n'est plus l'esprit mais le c ur. Seul un c ur intelligent peut nous rendre capable de verite. Le philosophe finit idiot. Ce n'est que par le detour d'un veritable travail sur les sentiments que peut eclore une intelligence de la realite, de la vie. L'intelligence seule est trop abstraite et ne mene a rien de pertinent. C'est qu'elle doit etre stimulee par la sensibilite. Et l'on ne peut etre intelligent que si l'on est d'abord sensible. On ne se met a reflechir que si l'on y est force par des causes venant de la sensibilite. Comprendre ne signifie donc ni l'absolue rationalite qui refuse la sensibilite, ni non plus l'existence d'un c ur absolu expulsant tout esprit ou toute forme d'intellection. Comprendre suppose l'intelligence d'un c ur qui apprehende le monde au gre de ses battements, de ses pulsations. Un esprit trop serieux, trop profond, ne pourra jamais parvenir a une veritable intelligence de la realite, car il lui manquera toujours la distance que seul lui procure l'humour quand il lui fait comprendre qu'il doit avoir confiance en son frere ennemi, le c ur: comprendre, c'est alors avoir de l'esprit, mais cela suppose de passer par le c ur. Ruse de l'esprit, intelligence du c ur. Deraison apprivoisee. Olivier Abiteboul est professeur de philosophie a Nice, docteur en philosophie de l'Universite de Provence (Aix-Marseille I), chercheur associe au Centre de recherches " Litterature et poetique comparees " de l'Universite de Paris Ouest-Nanterre-La Defense, membre du comite de redaction de la revue Theatres du Monde (PU d'Avignon). Il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages, dont Le paradoxe apprivoise (Flammarion, 1998) et La rhetorique des philosophes (L'Harmattan, 2002)."