ISBN-13: 9781515343462 / Francuski / Miękka / 2015 / 332 str.
ISBN-13: 9781515343462 / Francuski / Miękka / 2015 / 332 str.
Resume: Une femme decede mysterieusement dans un omnibus, sans qu'aucun passager ne le remarque. Paul Freneuse, artiste-peintre en vogue et temoin de la scene, entame une enquete informelle, avec un de ses amis... Extrait du chapitre I Vous est-il arrive, le soir, vers minuit, de manquer le dernier omnibus de la ligne qui conduit a votre domicile? Si vous n'etes pas oblige de regler strictement vos depenses sur votre budget de recettes, vous en ayez ete quitte pour prendre un fiacre. Mais si, au contraire, votre modeste fortune vous interdit ce leger extra, il vous a fallu revenir a pied, traverser Paris en pataugeant dans la boue, quelquefois sous une pluie battante, et vous avez cent fois en route maugree contre la Compagnie qui n'en peut mais, car il faut bien qu'apres seize heures de travail, elle accorde un peu de repos a ses chevaux et a ses employes. Il y a plusieurs facons de la manquer, cette bienheureuse voiture, la supreme esperance des attardes. Quand on l'attend au passage, et qu'apres avoir adresse au cocher des signes inutiles, on voit apparaitre en lettres blanches se detachant sur un fond bleu le mot redoute, le desolant: Complet on enrage; mais, apres tout, on s'y attendait un peu; on fait contre fortune bon c ur, et l'on continue a cheminer. On se flatte vaguement qu'il en passera encore une, et, soutenu par cette illusion, on finit par arriver pedestrement au logis sans trop s'apercevoir de la fatigue. Le pis, c'est de se presenter a la station, tete de ligne, juste au moment ou vient de se remplir l'unique omnibus en partance. Pas moyen de s'y tromper; c'est bien le dernier. Le prepose qui tourne la manivelle pour fermer la devanture du bureau vous a repondu qu'il n'y en a plus d'autre, et les voyageurs qui vous ont devance vous rient au nez quand vous leur demandez poliment s'il ne reste plus une seule petite place. L'arret est sans appel. Vous n'avez plus d'autre moyen de transport que vos jambes, et il faudra qu'elles vous portent jusqu'a destination, car vous ne le rattraperez pas en route, ce maudit vehicule sur lequel vous comptiez pour eviter une longue etape. C'est ainsi qu'un soir de cet hiver, a minuit moins un quart, au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue du Cardinal-Lemoine, a l'instant precis ou le cocher de l'omnibus vert qui va de la Halle aux vins a la place Pigalle grimpait sur son siege, une femme arriva tout essoufflee, une femme convenablement vetue, et encore jeune, autant qu'on en pouvait juger a sa tournure, car une epaisse voilette lui cachait le visage. Elle venait du cote du Jardin des Plantes, par le quai Saint-Bernard, et elle avait du courir assez longtemps, car elle etait hors d'haleine et elle eut quelque peine a articuler la question que les retardataires adressent avec anxiete a l'employe charge de donner le signal du depart. -Tout est plein, madame, et il n'y a plus rien apres, lui repondit le conducteur qui etait occupe a faire viser sa feuille. -Ah mon Dieu, murmura-t-elle, et moi qui vais a Montmartre Je n'y arriverai jamais. Et en verite, a cette heure et en cette saison, un voyage a pied de quatre a cinq kilometres pouvait bien effrayer une personne appartenant au sexe faible."