Rapport quotidien et factuel de Joseph Rossé, du 2 décembre 1944, jour de son arrestation programmée par la Gestapo, au 2 février 1945 - jour de la libération de Colmar - après qu'il se soit rendu au préfet français Fonlupt.Député autonomiste de Colmar avant 1940, Joseph Rossé fut membre du conseil municipal de cette ville sous le régime national-socialiste ainsi que directeur de la maison d'édition Alsatia, sous couvert de laquelle il vint en aide à des personnes opposées au régime.

Le 23 juillet 1940, je suis rentré à Colmar libéré des prisons françaises où j'avais été enfermé innocemment, heureux d'avoir regagné ma liberté personnelle. Je retrouvais une Alsace complètement différente de celle que j'avais quitté en octobre 1939. La France, vaincue en ce moment là, l'avait abandonné à son sort, sans lui adresser un mot de regret ou d'espoir, en la laissant dans l'incertitude du lendemain. L'Allemagne, vainqueur à ce moment-là avait occupé l'Alsace et déclara officiellement sans être contredite par une voix française, que pour l'avenir l'Alsace...