ISBN-13: 9781523263806 / Francuski / Miękka / 2016 / 148 str.
Extrait: I AU CERCLE Tout marcha bien. Le type, un gros angliche, lui donna deux guinees et ne se rhabilla pas si vite qu'elle n'eut auparavant le temps de lui chiper son portefeuille. Elle lui laissa sa montre, parce que, demain, il y aurait encore des montres. Son coup fait, elle pensa, comme au temps de Paris: -Salaud, je t'emmerde. Elle n'eut pas a remettre de chapeau; elle n'en mettait jamais. Un coup de pouce au chignon, un coup de poing a la jupe, les mains au tablier ou sont les poches, puis en route. Dans la rue, elle se depecha pour rejoindre son homme. Quand il ne la suivait pas, elle savait ou le trouver: au Cercle, avec les copains. En chemin, pres de la Tamise, elle rencontra le policeman qui, un jour, l'avait coffree; lui ou un autre. Comme elle marchait vite, il ne pouvait rien lui dire. Elle avait, pour les flics, des idees tres precises. Elle tourna la hanche: -Toi, je t'emmerde Ouf ce qu'elle suait dans ce cochon de Londres Dans ces ruelles, les gens couchaient par terre, et pas tous sur des paillasses: il y avait des hommes avec des femmes, des vieux, des jeunes, des nichees de pauv'gosses. Cela puait le poivre. Cela puait aussi comme dans une chambre apres l'amour. Elle constata ce qu'elle constatait tous les jours: que beaucoup de ces femmes etaient jeunes, avec de bonnes cuisses et de cette chair encore verte qui plait aux hommes. Elle pensa: -Sont-elles betes, quand il y a tant de types. Enfin c'etait leur affaire. On les emmerde Andre Baillon (ne le 27 avril 1875 a Anvers, decede le 10 avril 1932 a Saint-Germain-en-Laye) est un ecrivain belge de langue francaise. Biographie Ne a Anvers en 1875, Andre Baillon perd son pere a l'age d'un mois et sa mere a l'age de six ans. Andre et son frere Julien sont recueillis par leur grand-pere paternel, petit industriel a Termonde. La fille de ce dernier, leur tante Louise (Mademoiselle Autorite), devouee mais bigote et peu sensible, s'occupe de l'education des deux orphelins. Andre, qui etait psychiquement vulnerable, vecut assez mal une scolarite durant laquelle il ne parvint ni a s'integrer a la vie de ses condisciples ni a s'adapter a la pedagogie de ses maitres: les Jesuites de Turnhout et d'Alost. Il entama sans conviction des etudes d'ingenieur a partir du mois d'octobre 1893 a Louvain en attendant de pouvoir, une fois majeur, entrer en possession de son heritage. Des avril 1894, il rencontre une jeune ouvriere, Rosine, avec qui il decouvre l'amour et la sensualite. Mais cette liaison devient rapidement une source permanente de souffrances: Rosine l'exploite et le bafoue. En meme temps, il se lie avec un groupe d'etudiants non conformistes, voire anarchistes. Aussi, des 1896, se voit-il exclu de l'universite tout autant a cause de son absence aux cours que de sa participation a des reunions socialistes et de ses relations coupables avec une femme de mauvaise vie (La Dupe, Labor, 1988, p.52)."