ISBN-13: 9782807608252 / Francuski / Miękka / 2018 / 292 str.
Dès l'époque moderne, les réseaux marchands franchissent les frontières par leur mobilité géographique, les commerces qu'ils organisent et l'ampleur de leurs réseaux: ils savent jouer de leur appartenance à des communautés et des nations d'origine et d'adoption. Ainsi ont-ils donné une consistance à la perception comme à la réalité européennes.
À la fin du Moyen Âge, les échanges commerciaux européens se sont intensifiés en Europe et ont pris une ampleur mondiale avec l'expansion portugaise puis espagnole. Les acteurs de l'économie ont dès lors connu une plus grande mobilité, et les intermédiaires du négoce se sont multipliés. Dans leurs déplacements, marchands, marins et banquiers se sont appuyés sur des groupes de compatriotes déjà établis à l'étranger. Ces liens fondés sur une commune origine ne font pourtant pas des communautés marchandes ni des groupes isolés de leur société d'accueil ni les agents d'une influence étrangère. Alors que l'Europe est morcelée, tous ceux qui participent au commerce sont engagés dans des contacts multiples et franchissent ses multiples frontières. Ils se trouvent fréquemment en situation de compromis, d'engagement et de manipulation, entre patrie d'origine et patrie d'accueil.Cet ouvrage propose de montrer comment les marchands entretiennent, bâtissent et partagent des liens d'appartenance, là où ils résident comme à distance. Il souligne aussi l'importance des rapports qu'ils nouent avec les pouvoirs politiques, municipalités comme gouvernements, qui leur imposent un cadre, avantageux ou contraignant, mais sont aussi dépendants des ressources qu'ils peuvent fournir. Enfin, il rend compte de leur insertion dans un jeu économique et politique à plusieurs échelles en Europe. Avant l'affirmation d'une Europe de nations, alors que la chrétienté, même divisée, demeure longtemps un cadre de référence, les marchands oeuvrent à donner une consistance à la perception comme à la réalité européennes.