ISBN-13: 9781519267894 / Francuski / Miękka / 2015 / 402 str.
EXTRAIT PREFACE Au mois de septembre 1888, la Vie Parisienne, ce curieux journal d'observation et de raillerie, d'elegance mondaine et de philosophie profonde, l'image en un mot de Marcelin, -ce dandy camarade de Taine, -et que son esprit anime encore, publiait la lettre suivante, adressee a son directeur par le signataire de la presente preface: Je vous envoie, cher monsieur, le manuscrit que mon pauvre ami Claude Larcher m'a legue avec mission de vous l'offrir sous ce titre: Physiologie de l'Amour moderne ou Meditations de philosophie parisienne sur les rapports des sexes entre civilises dans les annees de grace 188-.... Je ne sais si vous trouverez dans ces pages, d'ailleurs inachevees, la legerete de main qu'il eut fallu. Quand il commenca cette Physiologie, Claude suivait deja cette carriere d'homme tres malheureux en amour, qui est celle de quelques jeunes gens a Paris. Il avait, certes, d'excellentes raisons pour ne pas croire a la fidelite de sa maitresse, cette Colette Rigaud qu'il a trop affichee pour que ce soit une indiscretion de la nommer. Mais, a force d'en parler, il etait devenu un virtuose, presque un dilettante de sa propre infortune, au point qu'il eut ete fort embarrasse si elle lui avait offert de l'aimer uniquement, fidelement, et si elle avait tenu parole. Cette deception lui fut epargnee. Il continua de gemir sur les perfidies de cette fille avec une perseverance qui le rendit intolerable a ses meilleurs amis. Moi-meme, dois-je l'avouer? je l'evitais dans les derniers temps pour ne plus subir le cinquantieme recit de ses infortunes amoureuses. L'actrice partit pour la Russie, et nous esperames que la manie de Claude s'apaiserait. Elle grandit. Il allait au cercle des Mirlitons reciter la liste des amants de Colette, au tiers, au quart, a des gens qu'il connaissait de la veille, jusqu'a ce qu'un de nos camarades finit par lui dire: Laisse-nous donc tranquilles, nous savions tout cela avant toi.... Sur ce mot, il prit le cercle en horreur, comme il avait deja fait le theatre, parce qu'elle avait joue la comedie; le monde et le demi-monde, parce qu'il s'y rencontrait avec des rivaux, -et des rivales;-les cafes, parce que nos confreres le plaisantaient sur ses doleances; son interieur, parce qu'elle y etait venue. Il fut la victime, comme il arrive, de cette comedie, aux trois quarts sincere, qu'il se jouait a lui-meme et aux autres. Il crut, en effet, devoir a ses desillusions de se livrer a l'alcool. Il ne sortit plus de deux ou trois bars anglais ou il s'intoxiquait de cocktails et de whisky en compagnie de jockeys et de bookmakers. Une dyspepsie, causee par ces absurdes exces, le forca de quitter Paris au moment meme ou la reprise fructueuse de sa premiere piece allait lui permettre de regler ses dettes les plus pressantes et de remonter le courant. Il se retira en Auvergne, chez une vieille parente. Il dut ebaucher la les derniers chapitres de sa Physiologie, avant la crise de foie, mal soignee dans cette campagne perdue, qui l'emporta en juin dernier. Vous voyez, cher monsieur, que les quelque vingt meditations, peu coherentes par les dates et les endroits de travail, qui composent ce livre, sont l' uvre d'un cerveau singulierement morbide. Cela soit dit pour excuser de nombreux paradoxes et des allusions qui font songer au vers classique et regretter que le style de Claude ...se ressente des lieux et frequentait l'auteur...."