ISBN-13: 9781539670551 / Francuski / Miękka / 2016 / 112 str.
Lisez, lisez la grande biographie de Louis Auguste Blanqui par Gustave Geffroy: L'enferme. Elle est maintenant facilement accessible. On traverse avec elle tout le XIXe siecle, ses reves, ses batailles, ses utopies et ses miseres. Qui pour chaque gouvernement successif figure l'ennemi le plus terrible: l'insurrection populaire. Blanqui a fascine Walter Benjamin parce qu'il est un anti-Baudelaire. C'est lui qui fera de la biographie de Gustave Geffroy un outil privilegie pour renverser l'imagerie convenue de ce siecle majeur, naissant des cendres de la Revolution pour engendrer l'allegorie majestueuse de l'Exposition universelle de 1900. Et, quand Walter Benjamin se met alors a la tache sur Blanqui lui-meme, il exhume ce texte - un opuscule de plus dans l'ocean de ces pamphlets et brulots -, mais que nous considerons tous desormais comme un de ces poemes qui disent la civilisation, celle que nous sommes, a l'echelle de ses utopies, en les projetant dans l'espace-temps infini et chaotique du cosmos. La ou Eureka d'Edgar Allan Poe et la grande Astronomie de Camille Flammarion se rejoignent. Sauf que Blanqui, qui a connu toutes les geoles parisiennes, les cachots du Mont-Saint-Michel et la deportation a Belle-Ile, a maintenant le monopole d'une prison reservee a lui seul. Ses lettres sont pathetiques: dans ce fort oblong et tout lisse, le fort du Taureau, pose au milieu de la baie de Morlaix - un des plus beaux lieux de notre Bretagne sauvage, au-dessus de sa tete en permanence le martelement de pas des soldats qui le gardent. L'isolement absolu, la mutite hostile des militaires, et les heures de promenade sur la terrasse de pierre, ou rien a voir que le ciel. Alors c'est du ciel qu'il parle, Blanqui. De l'infinite des astres, et de la non-limite de l'univers. On peut, comme il dit milliarder a l'infini. Alors, quelque part, a force de dupliquer, trouvera-t-on une planete a la semblance de la notre, et, a dupliquer encore, peut-etre que dans l'une d'elles la Revolution aurait reussi - serait advenu le reve d'une humanite plus belle et plus fraternelle. Mais de cela, le vieil homme ne parle meme pas. Au soir des combats, il connait surtout l'abime. Alors c'est dans la voute infinie des possibles qu'on va suivre cette phrase sublime- ce texte de1872 est desormais une fondation essentielle de notre patrimoine litteraire comme politique."