ISBN-13: 9781508600190 / Francuski / Miękka / 2015 / 360 str.
Le Jardin des supplices est un roman francais d'Octave Mirbeau, paru chez Charpentier-Fasquelle en juin 1899. Ironiquement, le romancier dreyfusard a dedie cette uvre Aux Pretres, aux Soldats, aux Juges, aux Hommes, qui eduquent, dirigent, gouvernent les hommes, ces pages de Meurtre et de Sang. Une uvre deconcertante; Ce roman, publie au plus fort de l'affaire Dreyfus, a la veille du proces d'Alfred Dreyfus a Rennes, resulte d'un bricolage de textes concus independamment les uns des autres, a des epoques differentes, en des styles differents et avec des personnages differents. On trouve tout d'abord des articles sur la loi du meurtre: ils constituent le Frontispice du roman, qui presente une discussion d'apres-boire entre intellectuels positivistes. Puis vient En mission, premiere partie d'une narration orale intitulee Le Jardin des supplices: il s'agit d'une caricature grotesque des milieux politiques francais de la Troisieme Republique, ou l'on voit l'anonyme narrateur, petit escroc de la politique devenu compromettant pour son ministre de tutelle, se faire envoyer a Ceylan sous le pretexte farcesque d'une mission d'embryologiste... Dans la troisieme partie du roman (deuxieme partie de cette narration, egalement intitulee Le Jardin des supplices), nous avons droit au recit d'une visite du bagne de Canton, sous la conduite d'une Anglaise sadique, perverse et hysterique, l'enigmatique et fascinante Clara, qui se fait conduire dans un bordel flottant, bateau de fleurs, ou elle parvient a la petite mort, au terme de cette exploration des pires atrocites. Ce melange des tons et les multiples transgressions des codes de vraisemblance, de credibilite romanesque et de bienseance contribuent a brouiller les reperes litteraires et ethiques des lecteurs et a les mettre mal a l'aise en les deconcertant. La loi du meurtre; Ce malaise est renforce par la discussion inaugurale de l'intelligentsia positiviste sur le meurtre, considere comme la loi infrangible sur laquelle reposent toutes les societes, y compris celles qui se disent abusivement civilisees; par les descriptions de supplices particulierement horribles, dont certains sont des delices inverses (le supplice de la cloche, le supplice de la caresse et le supplice du rat, qui marquera durablement un des patients les plus celebres de Freud); et par des pages d'humour noir, particulierement destabilisatrices pour les idees morales des lecteurs, notamment la longue interview d'un debonnaire bourreau chinois patapouf, consciencieux artiste de la scie, de la tenaille et du scalpel. Des lors ils sont bien en peine de degager une conclusion univoque, de faire le depart entre le beau et l'horrible, entre la denonciation des crimes de la societe et la complaisance dans leur evocation, entre le serieux et la distanciation ironique, dans une uvre qui est deliberement ambigue."