ISBN-13: 9781502338952 / Francuski / Miękka / 2014 / 274 str.
ISBN-13: 9781502338952 / Francuski / Miękka / 2014 / 274 str.
A vous, mon cher Valdagne qui, dans la Confession de Nicaise, avez si cruellement indique l'inique oppression de l'argent, sa tyrannie dissolvante et sa feroce emprise sur la betise hypnotisee des foules. A vous l'evocateur de la petite bourgeoise aux appetits de catin, du mari lache et complaisant aux frasques lucratives de sa femme, et de l'amant moderne, associe de sa maitresse et bon conseilleur des faiblesses qui le font vivre et du crime qui l'enrichira, je dedie ce Crime des riches qui pourrait etre aussi le Crime d'etre riche, car les caprices monstrueux, nes de la veulerie et de l'ennui des millions usurpes, entrainent physiquement et physiologiquement toutes les tares, et, si le Crime des riches echappe a la loi, protege qu'il est par la lachete des gouvernements et des masses, la nature, elle, plus vraie que la societe, donne l'exemple de l'anarchie en abandonnant les miserables forcats du capital a la folie et a la honte des pires aberrations. Trouvez ici toute ma joie d'avoir pu les constater et tout mon orgueil de vous les offrir en hommage d'admiration et d'amitie. Jean Lorrain. La Pergola. Antibes. La duchesse d'Ebernstein-Asmidoff serait heureuse de recevoir M. Henri de Bergues a la Pergola. Elle lui serait meme reconnaissante de vouloir bien ne pas trop differer sa visite. La duchesse sera chez elle le lundi, le mercredi et le vendredi de la semaine prochaine, de trois a sept. M. Henri de Bergues sera le bien venu. Inutile que M. Henri de Bergues previenne la duchesse de sa visite. On ose absolument compter sur lui. Le billet laissait le jeune homme reveur. La Pergola, la duchesse d'Ebernstein-Asmidoff. De Bergues ne connaissait que trop de reputation la chatelaine de la Pergola. Ses deportements etaient depuis dix ans la fable et le scandale de la Riviera; le domaine d'Antibes avait lui-meme sa legende. On y montrait la place ou le comte Zicco, un des amants de la duchesse, s'etait tue dans une chute de cheval, et cela dans une des allees du parc. La monture emballee avait bute contre un cactus geant, et l'homme desarconne, pris entre sa bete et les dards ongles et coupants de la plante, etait mort. La duchesse avait fait enterrer son amant a la place meme du desastre. En Riviera on ne refuse rien aux millions et surtout aux millions des personnalites princieres, et la duchesse etait par sa mere une Scatelberg-Emerfield. De branche allemande, elle avait epouse a seize ans le duc d'Ebernstein-Asmidoff qu'on disait impuissant. Les Asmidoff n'avaient pas d'enfants. A la cour de Finlande on avait tout d'abord excuse les ecarts de la jeune femme, mais le scandale de ses caprices avait pris un tel retentissement, que le grand-duc regnant avait du prier le jeune menage d'aller donner ailleurs le spectacle de ses fantaisies. La Riviera en avait herite. Depuis dix ans cette Allemande, qui devait avoir maintenant depasse la quarantaine, trouvait moyen d'etonner la Cote d'Azur; et la cote est pourtant assez blasee sur les excentricites de ses hotes. (...) Cette Allemande etait une passionnee, mais elle avait la main malheureuse et ses amants avaient des fins assez tragiques. Ses amants... c'est-a-dire on en citait deux, le Hongrois, le comte Zicco, mort si malencontreusement a la Pergola dans une promenade matinale, et le beau chevalier Contaldini, tombe dans une crevasse pendant un sejour du duc et de la duchesse a Saint-Moritz. Le nouvel amant accompagnait, cet ete-la, le couple dans les Alpes. La duchesse etait, bien entendu, etrangere a tous ces trepas, et jamais un soupcon ne l'avait effleuree, mais elle en gardait une aureole sinistre. Dans le pays cette exsangue et maigre duchesse Wilhena passait pour avoir le mauvais il. On lui pretait d'autres aventures. Extrait de La Riviera. Edition annotee et illustree (en noir et blanc pour la version imprimee) egalemen"