ISBN-13: 9781519662132 / Francuski / Miękka / 2015 / 166 str.
Extrait: I. FRAGMENTS DU JOURNAL D'UN INCONNU. -Mais comme cette nouvelle volonte ne faisait pour ainsi dire que de naitre, elle n'etait pas encore assez forte pour vaincre l'autre, qui avait toute la force qu'une longue habitude peut donner. Cependant ces deux volontes, l'une ancienne et l'autre nouvelle, l'une charnelle et l'autre spirituelle, se combattaient dans mon c ur, et chacune le tirant de son cote, elles le mettaient en pieces. Confessions de Saint-Augustin, LIV. VIII, ch. V. .......Pendant une relache que nous fimes a Malte en 18.., les officiers du vaisseau anglais le Genoa voulurent recevoir a leur bord l'etat-major de notre fregate. A diner, je me trouvais place entre deux officiers superieurs; mon voisin de gauche etait un grand homme sec, a cheveux grisonnants, taciturne, peu buveur, et ne parlant pas un mot de francais: -je lui versai a boire trois fois, et n'y pensai plus.- Mon voisin de droite etait un homme de trente ans au plus, d'une belle figure, brun, svelte, elegant, s'exprimant dans notre langue avec une merveilleuse facilite, -quoiqu'un accent presqu'imperceptible trahit son origine etrangere.-Il m'apprit qu'il etait Danois, mais naturalise Anglais. Il fallait qu'une singuliere attraction me portat vers lui, car avant le diner nous ne nous connaissions pas du tout, et au pudding nous etions deja fort lies;-enfin, plus tard, quand on enleva la nappe pour servir les fruits secs et les vins de France, nous n'avions, je crois, plus rien a nous apprendre sur notre passe, notre present, je dirais presque notre avenir. Suivant l'usage, l'intimite commenca d'abord par un echange confidentiel d'horreurs et de calomnies sur les personnes de nos commandants respectifs, et par des remarques satiriques sur nos inferieurs; apres quoi vint la relation impartiale des injustices et des passe-droits qu'on nous avait fait subir, des grades qu'on nous avait voles.-Puis, comme nous finimes par maudire notre etat, apres nous etre mutuellement prouve qu'il n'en etait pas au monde de plus detestable, -ce fut entre nous a la vie et a la mort. Marie-Joseph Sue dit Eugene Sue, ne le 26 janvier 1804 a Paris et mort en exil le 3 aout 1857 a Annecy-le-Vieux (Duche de Savoie), est un ecrivain francais. Il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons a caractere social: Les Mysteres de Paris (1842-1843) et Le Juif errant (1844-1845). Jeunesse Son pere, Jean-Joseph Sue (1760-1830), (fils), etait chevalier hereditaire par lettres patentes du 17 fevrier 1815 (issu d'une lignee de chirurgiens parisiens originaire de Provence). Apres avoir ete chirurgien de la Garde imperiale de Napoleon 1er, puis medecin chef de la maison militaire du roi, il etait professeur d'anatomie et medecin consultant du roi lui-meme. La marraine d'Eugene n'etait autre que Josephine et son parrain Eugene de Beauharnais. Eugene etudie au lycee Condorcet. Il se revele etre un eleve mediocre et turbulent, puis un jeune homme dont les frasques defraient la chronique. En 1821, il abandonne le lycee en classe de rhetorique et grace a son pere est admis sans difficulte comme stagiaire a la Maison militaire du roi. Apres deux ans d'apprentissage il est affecte en 1823 aux hopitaux de la 11e division militaire de Bayonne. La meme annee, il soigne les blesses de la prise de Trocadero. Il s'ensuit une occupation du territoire espagnol et son affectation a l'hopital militaire de Cadix. Il y demeure jusqu'en 1825. C'est la qu'il ecrit sa premiere uvre: un A-propos dramatique sur le sacre de Charles X. Il a meme l'honneur de le voir representer une fois devant les notables de la ville."