ISBN-13: 9781519661654 / Francuski / Miękka / 2015 / 190 str.
LA CUCARACHA A]. Ai que me piqua, Ai que me arana, Con sus patitas La Cucaracha. Chant populaire espagnol. A] Prononcez.-Coucaratcha. Vers la fin de la guerre d'Espagne, je me trouvais a Chiclana, charmant village peu eloigne de Cadix, et renomme par l'efficacite de ses sources minerales;-on m'avait conseille ces eaux pour parfaire la guerison d'une blessure assez dangereuse, et mon excellent hote don Andres d'Arhan, en m'entourant de tous les soins attentifs d'une amitie delicate, me rendait presque ingrat envers la France, car en verite, j'avais honte de me trouver aussi heureux au fond de l'Andalousie. On jugera de l'esprit et de l'ame de don Andres, quand on saura que lui temoignant un jour toute ma reconnaissance pour sa sollicitude si bienveillante et si paternelle; je lui demandais pourtant ce qui me l'avait gagnee?-Il ne me repondit que ces mots: -J'ai un fils de votre age qui voyage en France..... Et l'on me pardonnera ces details tous personnels, si l'on songe que le seul bonheur pur et vrai, que goute peut-etre l'ecrivain, est le plaisir de retracer le nom d'un ami, -une date precieuse pour son c ur, -un doux souvenir, -dans l'espoir presque toujours insense-qu'apres lui, ce nom, cette date, ce souvenir, vivront encore un peu. Un soir donc, un beau soir d'ete, assis sous un magnifique berceau d'orangers, fumant de legitimes cigares reales, buvant a petits coups une delicieuse agria glacee, nous etions don Andres, moi et quelques amis, plonges dans une extase silencieuse, jouissant de la fraicheur de la nuit, du parfum des orangers, et de cet etat de torpeur si inappreciable dans les pays chauds. Lorsque tout a coup, des castagnettes resonnent; une guitare prelude et une voix jeune, suave, mais un peu trainante se met a chanter un bolero... puis deux, puis trois... enfin une espece de frenesie musicale et chantante semble s'emparer de l'invisible Orphee: les airs, les paroles se pressent, se succedent avec une merveilleuse rapidite, et finissent par devenir presque inintelligibles. -Dieu me sauve, c'est la Juana, -dit don Andres. La Juana etait une paysanne dont le pere etait fermier de don Andres;-une belle jeune fille, brune, grande, svelte, veritable type d'Andalousie. Marie-Joseph Sue dit Eugene Sue, ne le 26 janvier 1804 a Paris et mort en exil le 3 aout 1857 a Annecy-le-Vieux (Duche de Savoie), est un ecrivain francais. Il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons a caractere social: Les Mysteres de Paris (1842-1843) et Le Juif errant (1844-1845). Jeunesse Son pere, Jean-Joseph Sue (1760-1830), (fils), etait chevalier hereditaire par lettres patentes du 17 fevrier 1815 (issu d'une lignee de chirurgiens parisiens originaire de Provence). Apres avoir ete chirurgien de la Garde imperiale de Napoleon 1er, puis medecin chef de la maison militaire du roi, il etait professeur d'anatomie et medecin consultant du roi lui-meme. La marraine d'Eugene n'etait autre que Josephine et son parrain Eugene de Beauharnais. Eugene etudie au lycee Condorcet. Il se revele etre un eleve mediocre et turbulent, puis un jeune homme dont les frasques defraient la chronique. En 1821, il abandonne le lycee en classe de rhetorique et grace a son pere est admis sans difficulte comme stagiaire a la Maison militaire du roi. Apres deux ans d'apprentissage il est affecte en 1823 aux hopitaux de la 11e division militaire de Bayonne. La meme annee, il soigne les blesses de la prise de Trocadero. Il s'ensuit une occupation du territoire espagnol et son affectation a l'hopital militaire de Cadix. Il y demeure jusqu'en 1825. C'est la qu'il ecrit sa premiere uvre: un A-propos dramatique sur le sacre de Charles X. Il a meme l'honneur de le voir representer une fois devant les notables de la ville."