ISBN-13: 9781500153502 / Francuski / Miękka / 2014 / 132 str.
Madame Bergeret quitta la maison conjugale, ainsi qu'elle l'avait annonce, et se retira chez madame veuve Pouilly, sa mere. Au dernier moment, elle avait pense ne point partir. Pour peu qu'on l'en eut pressee, elle aurait consenti a oublier le passe et a reprendre la vie commune, ne gardant a M.Bergeret qu'un peu de mepris d'avoir ete un mari trompe. Elle etait prete a pardonner. Mais l'inflexible estime dont la societe l'entourait ne le lui permit pas. Madame Dellion lui fit savoir qu'on jugerait defavorablement une telle faiblesse. Les salons du chef-lieu furent unanimes. Il n'y eut chez les boutiquiers qu'une opinion: madame Bergeret devait se retirer dans sa famille. Ainsi l'on tenait fermement pour la vertu et du meme coup l'on se debarrassait d'une personne indiscrete, grossiere, compromettante, dont la vulgarite apparaissait meme au vulgaire, et qui pesait a tous. On lui fit entendre que c'etait un beau depart. - Ma petite, je vous admire, lui disait, du fond de sa bergere, la vieille madame Dutilleul, veuve imperissable de quatre maris, femme terrible, soupconnee de tout, hors d'avoir aime, partant honoree. Madame Bergeret etait satisfaite d'inspirer de la sympathie a madame Dellion et de l'admiration a madame Dutilleul. Pourtant elle hesitait a partir, etant de complexion domestique et coutumiere et contente de vivre dans la paresse et le mensonge. En ces conjonctures, M.Bergeret redoubla d'etude et de soins pour assurer sa delivrance. Il soutint d'une main ferme la servante Marie qui entretenait la misere, la terreur et le desespoir dans la maison, accueillait, disait-on, des voleurs et des assassins dans sa cuisine et ne se manifestait que par des catastrophes."