Célestin Bouglé fut un universitaire très en vue dans l'entre-deux guerres, avant de tomber dans l'oubli. Au point que sa production scientifique autant que son investissement institutionnel dans les sciences sociales, et en particulier dans la sociologie, sont aujourd'hui peu connus en dehors de quelques spécialistes.Normalien, agrégé de philosophie (il a été reçu 1er en 1893), docteur ès lettres en 1899, il est, avec Émile Durkheim, l'instigateur principal du lancement de la revue L'Année Sociologique, dans laquelle il jouera un rôle non négligeable. Esprit libre et indépendant, spiritualiste de coeur, il est rallié à la cause de la science positive dont il entrevoit les promesses dans la sociologie naissante. Néanmoins, il gardera toujours ses distances avec la sociologie durkheimienne... non sans lui faire profiter de son aura institutionnelle et d'un dense réseau de relations construit durant sa riche vie professionnelle : il a été notamment maître de conférences de philosophie sociale à la Faculté des Lettres de Montpellier (1898), professeur à la Faculté des Lettres de Toulouse (1900), titulaire de la chaire d'économie sociale (Sorbonne, 1919-1940), directeur-adjoint (1927-1935), puis directeur de l'École Normale Supérieure (1935-1940).Républicain militant très engagé lors de l'Affaire Dreyfus et la Grande Guerre, membre du Parti Radical-Socialiste (il est plusieurs fois candidat - malheureux - à la députation), il est un des premiers adhérents de la Ligue des Droits de l'Homme créée en 1898, avant de devenir son vice-président entre 1911 et 1924.