ISBN-13: 9782367220208 / Francuski / Miękka / 2016 / 70 str.
L'origine des cris de Paris se perd dans la nuit des temps, ecrit en 1887 l'erudit et journaliste Victor Fournel dans "Les Cris de Paris," passionne par l'histoire de la capitale a laquelle il consacra plusieurs ouvrages. Les petits metiers de rues sont deja exerces au milieu du XIIIe siecle, lorsque le prevot de Paris reorganise les corporations et redige son depuis celebre "Livre des Mestiers."
Au moins des cette epoque et jusqu'a la fin du XIXe siecle, le vieux Paris bruissait depuis l'aube jusqu'a la nuit tombee de la reclame lancee a tue-tete par les marchands ambulants, dont les slogans proferes a grands cris pittoresques longtemps pallierent l'absence de moyens de publicite tels que gazettes et prospectus. Il n'y a alors, en effet, pas jusqu'aux marchandises et activites, dont on s'imagine aujourd'hui peu aisement qu'elles aient pu etre delivrees ou se derouler dans les rues, qui n'y avaient pourtant pas leur place: dans cette enfance de l'art, les industries les plus simples se decomposaient souvent en parties innombrables; chacune avait son colporteur special, et celui-ci proclamait sa marchandise avec une assourdissante et interminable loquacite, explique Victor Fournel.
Le perfectionnement des arts et des sciences sonnera le glas du mercier ambulant, de la marchande de chapeaux installee sous un auvent, de l'allumeur de reverberes etabli au milieu de la rue pour nettoyer les vitres de la lanterne descendue a portee de la main, du colporteur d'almanachs, du crieur de vin, du marchand de cafe, du vinaigrier, du marchand de rubans, du decrotteur, de la marchande de plaisirs, du porteur d'eau, et de tant d'autres figures qui aujourd'hui nous apparaitraient comme singulieres mais a l'epoque etaient si familieres. L'esprit de speculation, la vapeur, l'invention de nouveaux metiers, l'accroissement des fortunes et l'association des capitaux ont permis de reunir et de fondre en faisceau des myriades de metiers ambulants qui, maintenant, attendent a domicile le chaland, qu'ils allaient provoquer autrefois, ecrit encore Victor Fournel voici un siecle et demi.
Reedition de la partie de son oeuvre consacree aux cris des petits metiers des rues de Paris, cet ouvrage vivant et petillant nous invite a prendre place au coeur du Paris des XVIIe et XVIIIe siecles, accoudes que nous pourrions etre a la fenetre d'une habitation donnant sur ce monde trepidant des marchands ambulants: entendez et voyez ce long ballet quotidien, qu'ouvre des avant le jour le marchand d'eau-de-vie, entonnant un ronflant La vie, la vie, a un sou le petit verre ou encore un A la bonne eau-de-vie, pour rejouir le coeur vers les quatre heures du matin, et que referme assez avant dans la nuit le marchand d'oublies hantant les arteres de Paris a l'heure de plus en plus tardive du souper..."