ISBN-13: 9781530047413 / Francuski / Miękka / 2016 / 208 str.
ISBN-13: 9781530047413 / Francuski / Miękka / 2016 / 208 str.
Victor Cherbuliez, ne a Geneve le 19 juillet 1829 et mort a Combs-la-Ville le 1er juillet 1899, est un romancier, auteur dramatique, essayiste et critique litteraire francais Biographie Ne dans une famille francaise refugiee en Suisse a la suite de la revocation de l'Edit de Nantes, il redevient francais en 1880 par le benefice du droit de grande naturalisation. Il est elu membre de l'Academie francaise le 18 decembre de l'annee suivante. Il est l'auteur d'une trentaine de romans, dont la plupart sont aujourd'hui oublies. Il a egalement publie des uvres critiques et des chroniques politiques dans la Revue des deux Mondes. Victor Cherbuliez possedait, si l'on en croit Amiel, un certain talent oratoire: Je sors de la lecon d'ouverture de Victor Cherbuliez, abasourdi d'admiration. Je me suis convaincu en meme temps de mon incapacite radicale a jamais rien faire de semblable, pour l'habilete, la grace, la nettete, la fecondite, la mesure, la solidite et la finesse. Si c'est une lecture, c'est exquis; si c'est une recitation, c'est admirable; si c'est une improvisation, c'est prodigieux, etourdissant, ecrasant pour nous autres Victor Cherbuliez mourut en 1899 et fut inhume au cimetiere du Montparnasse a Paris. Extrait: LE ROI APEPI I Un soir, en sortant de son cercle, ou il avait dine, le marquis de Miraval trouva chez lui une lettre de sa niece, Mme de Penneville, qui lui ecrivait de Vichy: Mon cher oncle, les eaux m'ont fait du bien; j'avais tout lieu jusqu'aujourd'hui d'etre satisfaite de ma cure; mais le bon effet que j'en attendais sera compromis, je le crains, par une facheuse nouvelle que je recois a l'instant et qui me cause plus de trouble, plus de tracas que je ne puis vous le dire. Les medecins declarent que le premier devoir des personnes qui souffrent d'une hepatite chronique est de ne point se faire de soucis; je ne m'en fais pas, mais on m'en donne. Je me ronge l'esprit en pensant a une certaine Mme Corneuil, c'est bien ainsi qu'on la nomme. Je n'avais jamais entendu parler de cette femme, et je la deteste sans la connaitre. Vous avez toujours ete fort curieux et fort repandu. Mon cher oncle, je suis sure que vous etes au fait; apprenez-moi bien vite qui est Mme Corneuil. Cela m'importe beaucoup; je vous expliquerai pourquoi. Le marquis de Miraval etait un ancien diplomate, qui avait commence sa carriere sous le regne de Louis-Philippe et qui sous l'Empire avait rempli avec honneur plusieurs postes secondaires, dont s'etait contentee son ambition. Quand la revolution du 4 septembre l'eut mis a la retraite, il prit son parti en philosophe. Il ne souffrait pas comme sa niece d'une hepatite chronique; son foie et sa bile ne l'incommodaient point. Il avait de la sante, un estomac de fer, bon pied, bon oeil, et deux cent mille livres de rente, ce qui n'a jamais rien gate. Comme il voyait le bon cote de toute chose, il se felicitait d'etre parvenu a l'age de soixante-cinq ans en conservant tous ses cheveux, qui a la verite etaient blancs comme neige; mais il ne s'avisait point de les teindre. Ayant l'esprit et le caractere bien faits, il estimait que la nature a le genie de l'a-propos, qu'elle sait mieux que nous ce qui nous convient, qu'elle est apres tout un bon maitre et en tout cas un maitre tout-puissant, qu'il est inutile de vouloir la contrarier et ridicule de disputer contre elle, qu'au surplus tous les ages ont leurs plaisirs, qu'apres avoir vecu tant bien que mal il n'est pas desagreable d'employer quelque dix annees a regarder vivre les autres, en riant sous cape de leurs sottises et en se disant: Je n'en fais plus, mais je les comprends toutes."