ISBN-13: 9781910621554 / Francuski / Miękka / 2016 / 228 str.
ISBN-13: 9781910621554 / Francuski / Miękka / 2016 / 228 str.
Combien il l'aimait Elle etait jeune, pure, candide comme une nuee legere dans un ciel d'avril. Le berger la regardait avec tant d'amour en pensant a tout le bien qu'il pouvait lui faire et a tout l'amour qu'il pourrait en recevoir. Et elle l'abandonne. Le long du chemin qui borde le paturage, un tentateur est passe. Il porte un habit aux mille couleurs, une ceinture d'or d'ou pendent des sonnettes au son argentin, melodieux comme la voix du rossignol, et des ampoules d'essences enivrantes...dans les mains un encensoir tout brillant de pierres precieuses d'ou s'eleve une fumee qui est a la fois puanteur et parfum, qui etourdit comme eblouissent les facettes des bijoux. Il va en chantant et laisse tomber des poignees d'un sel qui brille sur le chemin obscur... Quatre-vingt-dix-neuf brebis le regardent sans bouger. La centieme, la plus jeune et la plus chere, fait un bond et disparait derriere le tentateur. Le berger l'appelle, mais elle va, plus rapide que le vent, rejoindre celui qui est passe et pour soutenir ses forces dans sa course, elle goute ce sel qui penetre et la brule d'un delire etrange qui la pousse a chercher les eaux noires et vertes dans l'obscurite des forets. Et suivant le tentateur, elle va dans la foret et elle grimpe et lle descend et elle tombe ... une, deux, trois fois, et chaque fois elle sent autour de son cou l'embrassement visqueux des reptiles, assoiffee, elle boit des eaux souillees, et affamee, elle mange des herbes qui brillent d'une bave degoutante. Le bon pasteur enferme en lieu sur les quatre-vingt-dix-neuf brebis fideles et puis se met en route et ne s'arrete pas jusqu'a ce qu'il trouve des traces de la brebis perdue, il confie au vent ses appels et la voit de loin, enivree et enlacee par les reptiles, tellement ivre qu'elle ne sent pas nostalgie du visage qui l'aime, et se moque de lui, coupable d'etre entree comme une voleuse dans la demeure d'autrui, tellement coupable qu'elle n'ose plus le regarder... Et pourtant le pasteur ne se lasse pas... Il pleure sur les traces de l'egaree; lambeaux de toison; lambeaux d'ame; traces de sang; delits de toutes sorte; ordures; temoignages de sa luxure. Il va et la rejoint. Ah Je t'ai trouvee, mon aimee Je t'ai rejointe Que de chemin j'ai fait pour toi pour te ramener au bercail. Ne courbe pas ton front souille. Ton peche est enseveli dans mon coeur. Personne, excepte moi qui t'aime, ne le connaitra. Je te defendrai contre les critiques d'autrui, te couvrirai de ma personne pour te servir de bouclier contre les pierres des accusateurs. Viens. Tu es blessee? Oh montre-moi tes blessures. Je les connais, mais je veux que tu me les montre avec la confiance que tu avais quand tu etais pure et quand tu me regardais moi, ton pasteur et ton Dieu, d'un oeil innocent. Les voila. Oh comme elles sont profondes Qui te les a faites si profondes ces blessures au fond du coeur? Le Tentateur, je le sais, lui qui n'a ni bourdon ni hache mais qui blesse plus profondement avec sa morsure empoisonnee et les faux bijoux qui t'ont seduite par leur eclat... et qui etaient un soufre infernal qui se produisait a la lumiere pour te bruler le coeur. Regarde combien de blessures, combien de toison dechiree, combien de sang, combien de ronces Oh Pauvre petite ame illusionnee Mais dis-moi: si je te pardonne, tu m'aimeras encore? Mais dis-moi: si je te tends les bras, tu t'y jetteras? Viens. Tes larmes melees aux miennes lavent les traces de ton peche, et Moi, pour te nourrir, puisque tu es epuisee par le mal qui t'a brulee, je m'ouvre la poitrine, je m'ouvre les veines et je te dis: "Nourris-toi, mais vis " Viens que je te prenne dans mes bras. Tu oublieras tout de cette heure de desespoir..."