ISBN-13: 9780729405249 / Francuski / Twarda / 1996 / 301 str.
Pendant l’hiver 1731-32 à Paris, l’actrice Jeanne-Franoise Quinault réunit dans le plus grand secret un petit groupe de sept amis pour une série de soupers fins accompagnés de représentations théâtrales. Les huit amateurs de Lazzis – c’est le nom donné à ces divertissements – se relaient à la tâche d’organiser un total de onze grandes soirées et ‘Lazzillons’, inspirés par un ‘pré-Lazzi’ joué chez Mlle Quinault. C’est tout le répertoire des spectacles non officiels qui défila – bal masqué, lanterne magique, chien savant, marionnettes, satire personnelle, discours d’opérateur, parodie – révélant l’étendue de l’écart entre les délassements intimes et la façade sérieuse de comédiennes et de personnalités d’Etat dont le plus important parmi les Lazzistes fut le ministre, Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas. Autour de celui-ci et de Mlle Quineault se retrouvent, dissimulés derrière des pseudonymes, Mlles Balicourt et Quinault-Dufresne, les comtes de Caylus et de Livry, et les auteurs Piron et Salley. Les ‘Lazzis’, réunis, racontés et commentés par Caylus, sont l’empreinte textuelle d’une pratique théâtrale et sociale qu’on désigne généralement comme le théâtre de société. Autant cette pratique fut répandue au dix-huitième siècle, autant elle reste pour les historiens modernes difficile à cerner à cause de la rareté des archives qui la caractérisent. L’Histoire et recueil des Lazzis, manuscrit jusqu’ici inédit, documente par des textes et scénarios en même temps qu’il décrit par une narration quasi-archéologique le fonctionnement détaillé des scènes privées de l’époque des Lumières. Nous devons à l’heureuse indiscrétion du comte de Caylus d’avoir composé les récits qui permettent de suivre la préparation, l’exécution et la réception, rarement évoquées, de toute une saison d’activités. La présente édition du recueil offre une introduction historique et analytique ainsi que des notes explicatives, un index et une bibliographie; elle préserve la musique dont furent ornées les représentations. L’Histoire et recueil soulève de multiples questions et apporte des éléments de réponse à plusieurs d’entre elles: l’étendue et le caractère du répertoire de société; les conditions de production des spectacles privés; la dynamique de groupe qui sous-tendait ces créations collectives; la relation de complicité qui mettait ministres, actrices et secrétaires sur un pied d’égalité passagère; le réseau d’associations intertextuelles par lequel se faisait la réception de ces jeux de société. Ce volume ouvre considérablement la réflexion sur le fait théâtral au dix-huitième siècle.